samedi 22 mars 2014

Jean-Michel Jarre

Jean Michel Jarre



La musique electronique sort des studios et devient prog pop... bientôt la New Wave fera exploser le genre et on dansera dessus!

Vous avez méprisé Jarre et taxé sa musique de musique d'ascenseur??? Lui aussi..

J'achetais le 33t en pleine période' Kraftwerk', un jour où j'étais parti pour acheter" the man machine", mais la première écoute m'avait déçu... je l'achèterai plus tard.

Jarre, qu'il 'convient' de 'moquer' dans les milieux autorisés du rock et de la pop, est pourtant non seulement un véritable précurseur, un grand musicien et un véritable passionné: je maintiens qu'il a sa place ici, dans Mon Histoire du Rock, quelque part entre Krafwerk et OMD, près de Mike Oldfield et de Vangelis, pas non plus très loin de la pop synthétique New Wave des 80's, mais aussi proche de certaines tentatives du Who Pete Townshend.

D'abord compositeur pour les autres, la vocation lui vient alors qu'il enregistre avec Christophe un album, et découvre un nouveau type de synthé. D'abord très proche des compositeurs de musique contemporaine, la première de ses compositions sera destinée à être jouée pour l'inauguration du plafond peint par Chagal à l'opéra Garnier... il s'éloignera de cette approche expérimentale pour tout dire assez fermée et un brin élitiste par bravoure et esprit de défit quand il s'entendra dire qu'avec ce type de musique, personne ne pourrait jamais réunir de grandes foules pour des prestations 'live'... « Chiche ?? » la suite prouvera le contraire, de la place de la Concorde à la place Tien an Men en passant par la place d'arme du Palais de Versailles (ou j'ai pu l'entendre, voiture arrêtée en plein milieu de l’avenue de Paris bloquée pour l’occasion, les enfants debout sur le toit de la bonne vieille CX.. ) :


Il prendra visiblement plaisir à prouver sans relâche le contraire, s'efforçant de donner à des prestations de prime abord hermétiques une dimension visuelle forte, dans des lieux choisis avec soin, pour un spectacle non dénué d’une certaine mystique: plus encore qu'avec Vangelis, le synthé gagnait avec Jarre sa place au rang des instruments de musique. Pour preuve, l'utilisation d'effets visuels (il a un temps travaillé avec le "magicien" Dominique Webb), le recours à des instruments plus demonstratifs que les claviers et pupitres de programmeurs (harpe laser), et la recherche de lieux emblématiques pour ses concerts "landart" en quelque sorte..

Cette popularité nuira, comme souvent, à son image auprès des « puristes », pour lesquels grande popularité rime avec facilité et médiocrité.

L'écoute d'Equinoxe, second album de JM Jarre, démontre bien la distance prise avec la pop froide des machines de Kraftwerk: le parti pris par les uns et l'autre est ici évident :


Tout en gardant une forme proche du rock symphonique et des longues compositions prog-rock, jarre parvient à donner une dimension, un rythme jusqu'alors inconnu sur de telles longueurs dans la musique synthétique: on semble quitter le domaine de la musique expérimentale et la démonstration de performance technique pour atteindre une virtuosité au service de la mélodie. Plaisante sans être simpliste, élaborée sans céder ni a la facilite ni a la tentation de l’exercice de style, écrite pour le plaisir de jouer, et d'écouter.

Jarre, conscient sans doute de la critique qui ne manquera pas de lui être faite (musique facile, musique de masse), composera un morceau "exclusif" puisque édité à un seul exemplaire et nommé comme une pirouette "musique d'ascenseur".

Il reste pour la musique électronique un précurseur, et le co-inventeur de nombreux « instruments ».

La video du jour montre JM Jarre décrivant quelques un de ses instruments, dont certains sont absolument mythiques (Putney VCS3, ARP 2500, Moog ( Modular, portatif) mais aussi certains dont j'ai déjà parlé (Melotron, Theremin) ainsi que ceux qu'il a conçu.(Matrisequenseur, Digiséquenseur). La video est longuette mais elle vaut le détour, car il joue de chaque instrument, et c'est..... magique!!!




samedi 8 mars 2014

Theremin, Tannerin et Ondes Marthenot, les ancêtres des instruments électroniques.

Theremin, Tannerin et Ondes Marthenot



 

Quelques instruments magnifiques et désuets à l'origine de la synth Pop

L’idée, l’envie, d’utiliser la fée électricité et des « machines » pour produire des sons et des rythmes remonte à loin, très loin, bien avant l’évènement de l’informatique musicale.

Dès 1919, l’invention du russe L Termen, le Theremin, montre le chemin.

musique est produite par l’oscillation du courant électrique, et non par l’oscillation physique d’un corps (corde, peau, etc). D’autres instruments du même type suivront (Ondes Martenot, en France, Tannerin, aux USA).

C’est d’abord un instrument dit classique, joué par des virtuoses classiques (comme Clara Rockmore, ancienne violoniste), et il y aura, au début du XX siècle, un engouement pour l’instrument auprès des compositeurs de musique dite contemporaine.

Le rock s’appropriera cet instrument plus tard, dans les années 60 avec les Beach Boys (Good Vibrations) Eh oui, les dites vibrations sont émise par un Tannerin (en gros, un Theremin à clavier), ce qui donne un côté envoutant à ce morceau. Theremin et Tannerin sont techniquement très proches, et leurs sonorités voisines.



Le Theremin restera relativement utilisé, pour ses sonorités aériennes et féériques, y compris par des groupes inattendus (Led Zepelin) dans ce registre… 

Bien sûr, les champions de la musique electronique (Vangelis, Pink Floyd..) y seront fidèles, mais c’est surtout Jean-Michel Jarre qui, toujours à l’affut de nouveaux instruments, et véritablement novateur dans le domaine de la musique synthétique, conservera l’utilisation du Theremin, d’autant plus que la pratique de l’instrument en public donne une dimension scénique certaine à une musique très « assisse devant un pupitre de commande (ainsi que de la harpe laser pour les mêmes raisons).

Je n’ai en revanche pas connaissance d’une utilisation du Tannerin ailleurs que chez les Beach Boys : l’instrument est resté quasi-unique, et semble avoir souffert de la comparaison avec les synthétiseurs Moog, plus compacts et solides car utilisant la toute naissante technologie des transistors, plus puissants aussi, puisque disposant de plusieurs timbres.

Plusieurs timbres, plusieurs sonorités, mais dans un (long) premier temps ces premiers synthé resteront monophoniques (au contraire de polyphoniques et non de stéréo, hein..) c’est-à-dire qu’on ne peut y jouer qu’une seule note à la fois (écoutez Popcorn, ou Dervish D de Vangelis, c’est frappant)

Il faudra attendre les années 70 et les progrès de l’electronique pour que le concept évolue, avec les synthétiseurs Moog, puis Korg, et Vox (The Doors). Ils reprendront le principe de leurs ainés, en augmentant les possibilités offertes, et en ouvrant la voie à la musique electronique.

Le Theremin continue cependant d’être utilisé et ses sonorités, toujours aussi féériques, quasi magiques, proches de la voix humaine et de la scie musicale, possèdent, pour de nombreux « petits jeunes » l’attrait vintage depuis l’apparition des appareils numériques, du sampling.

samedi 1 mars 2014

Safety dance Men Without Hats, 1982

Safety Dance





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Alors voilà, 1982, on arrive à Londres. Banlieue nord ouest précisément.


The Safety Dance, Men without hats..
Wood Green, dans une résidence universitaire qu’on se dépêchera de quitter pour, bien avant l’auberge espagnole, colloquer une maison typique de banlieue avec son bow window, ses pièces minuscules ses fenêtres sans volets et sa porte d’entrée intégralement vitrée.

A Hendon, NW5. Non loin de Finchley, 'fief' de Madness. Dans le Middlesex

Middlesex, ça nous faisait marrer, surtout l’endroit où on allait en cours, un « Polytechnics », en gros l'équivallent de nos universités.

Le « Student Union » vendait des fournitures estampillées du nom de l’école, on avait des classeurs "Middlesex Polytechnics" desquels on cachait el Middle et le Poly, très drôle.

On arrive donc à Wood Green, et le premier soir, il y avait une soirée organisée dans la résidence, ou pas très loin.. Nous eûmes donc très vite notre baptême de soirées à l’anglaise, de Po-Gos ravageurs et découvrîmes cette façon si particulière de danser qu’qu’avaient les nanas anglaises, en ligne, leur sac à main posée par terre devant elles.

Safety Dance, donc…. Gros succès du quasi One Hit Wonder groupe canadien « Men Without Hats ». La version longue, version club, version 12 inch, comme on voudra, est la plus sympa, comme souvent à l’époque. (Tainted Love....).

Je vous raconte pas le clip, comme diraient les Inconnus. Décalé et campagnard, et n’ayant rien à voir avec la musique, les paroles, ou le genre du moment (plutôt glacial et high tech).

La version longue nous gratifie donc d’une intro scandant le titre lettre par lettre, puis d’un premier couplet parlé, avant le lancement du morceau proprement dit.

Au risque de surprendre ceux qui connaissent mon goût pour le rock et le blues de bonne facture, me croient enfermé dans le carcan du BritRock des 60’s qui m’a profondément marqué, et arrêté sur Madness dès qu’il s’agit des années 80 (ça c’est de la phrase longue, et elle n’est pas finie !!), j’affirme que ce titre est énorme qu’il fait partie de ma « top of the pops list » et que je l’ai beaucoup, beaucoup, passé sur MES K7….

Bah oui, c’est easy listening, bah oui, c’est gros rythme et pas grand-chose derrière… Eh bien oui.

Mais bon.... Mais non!!!

Que les amateurs de morceaux à thème, de sens "caché" et de message dans le propos et les paroles se ravisent!!!

En fait ce morceau est une grosse blague, un "message" du chanteur/compositeur, et ça me faisait bien marrer à l’époque, moi qui alternait Po-Gos et danses ska à l’exclusion de toute autres (ah, quelques jerks modernisés pour l’occasion sur « Allways The Sun »…) :

Safety Dance, c’est une diatribe adressée aux videurs des boites de nuits qui, trouvant le Po-Go dangeureux, sortaient les PoGoistes par crainte qu’ils ne blessent les autres danseurs. « You can act really rude and totally removed and I can act like an imbecile »…

Cette petite rengaine gentillette est une farce du chanteur, qui dit aux videurs, au début des années New Wave qui chassent le Disco (et c’est pour ça qu’on a aimé la New Wave !!!) : « On peut danser comme on veut, et laisser vos amis derrière (vos amis, les danseurs disco), etc etc ».

Merci Mon Histoire du Rock pour cette jolie annecdote!