samedi 30 janvier 2016

Elvis Presley, 1954

Elvis Presley,


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ou l'antithèse de Mon Histoire du Rock ?


Elvis Presley n'a jamais fait partie de Mon Histoire du Rock. c'était, déjà, "de mon temps", un type fini, has been, hors jeu.

Difficile aujourd'hui d'imaginer que ce type adipeux, vêtu comme un sapin de noel, feulant devant un parterre de vielles radasses à Las Vegas (cf Celine Dion au même endroit!!!) des crooneries italisantes (It's now or never, O Sole Moi revu pour l'occasion), avait pu être la révélation rock'n Roll tant espérée par Sam Philips au milieu des annéées 50.

L'histoire raconte que Sam Philips recherchait un blanc capable de chanter, et de danser, comme le faisait, selon l'image d'épinal un rien raciste, les noirs.

Le gars Elvis va chez Sun records, d'abord enregistrer dans une cabine mise à disposition des quidams pour s'auto enregistrer. La légende dit qu'il enregistrait le disque pour sa mère, à laquelle il vouait une dévotion sans bornes. Il semble qu'il voulait surtout entendre et juger sa propre voix.

Sam Philips, qui avait un flair incroyable pour déceler les talents (on lui doit d'avoir découvert et lancé Howling Wolf BB King, Jerry Lee Lewis, Carl Perkins, Johnny Cash, Roy Orbison…. ), est certain que s'il trouve cette perle rare, il deviendra riche à millions.

L'avenir lui donnera à la fois tord et raison: raison parce qu'Elvis Presley ouvrira en effet une voie (voix?), tord parce qu'Elvis tombera dans les griffes du damned "colonel" Parker, pour son malheur et celui du Rock'n Roll… La fortune sera donc là, mais pour un autre…

Cela étant, le "brillant" Parker, qui n'était pas plus Colonel que moi entraînera Elvis Presley sur la pente douteuse du cinema de série B, lui qui semblait fait pour la scène live et la musique. De navet en navet, il tombera ensuite dans un style crooner à paillette que j'évoquais plus haut. Bye bye le rocker blanc, bye bye le groove et le déhanchement sensuel et le rock primal.

L'autre rocker blanc, Jerry Lee Lewis, pourra s'en réjouir un instant, lui qui considérait tous les autres comme des minables et Elvis comme un plouc. Mais c'est une autre histoire. Finalement, ni Jerry Lee, trop politiquement incorrect, on en a déjà parlé, ni Gene Vincent, trop sauvage, ni Eddie Cochran, mort trop tôt, ni Johnny Cash, trop bad boy, ne profiteront de la descente d'Elvis Presley du panthéon du rock.

Mais lui-même ne reprendra jamais le titre, et qui se souvient aujourd'hui de l'Elvis de "That's all right, Mamma"?








samedi 16 janvier 2016

David Bowie, Starman...

David Bowie


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J'ai écrit récemment combien je considère T.Rex comme plus représentatif du Glam Rock que Bowie.
Même si je dois à l'honnêteté de reconnaitre que David Bowie est peu présent dans mon panthéon, "Mon Histoire du Rock".  
Je dois saluer cependant l'artiste énorme, le showman visionnaire. 

On ne va pas faire ici un retour sur la carrière, une nécro exacte, pointue, obséquieuse (haha), mais un petit tour autour de ceux de ses titres qui m'ont marqué.

En effet, David Bowie est, entre tous, l'artiste complet et non uniquement musicien, le plus représentatif de l'école artistique britannique, née après la seconde guerre mondiale, qui consista à ouvrir les cours d'art universitaires à l'art moderne, au Pop Art, sous toutes ses formes: sous le vocable "Arts, Music and Design" ces cours intègrent Théatre, mime, arts graphiques.

L'enseignement est très avant-gardiste et pousse les étudiants à explorer toute forme d'expression, y compris bien entendu les musiques populaires. Il est pourtant  parfois difficile de faire la part de ce qui tient du "génie créatif" de Bowie et de celui de ceux (!!!) qui l'entourent: Mick Ronson, avant tout, mais aussi Iggy Pop, Tony Visconty, Brian Eno, et tout eux auprès desquels il puise, d'une période à l'autre (Kraftwerk, le Velvet, et même notre Claude François indirectement, puisque ce titre lui inspire, par dépit (de n'avoir pas obtenu le contrat d'adaptation en anglais) utilisera al base mélodique pour "Life on Mars")
A ce titre les britanniques ont toujours eu un esprit beaucoup plus ouvert, sans frontière entre art populaire et art "intello", variété et pop, etc. Je me souviens et l'ai déjà raconté, que dans les années 80 une de mes amies suivait ce type de cursus à l'Université de Norwich, et l'un de ses sujets d'étude était l'œuvre de Mike Oldield "Tubular Bells" écrite par celui-ci 5 ans avant à l'age de 17 ans…




En hommage à ce grand nom de l'histoire du rock, le premier morceau qui m'ait marqué à sa sortie au point que je me souviens très précisément de moments (la fameuse madeleine de Proust) associés à ce morceau sublime, est Ashes to Ashes, sortie en 1980. On préparait le BAFA dans la triste ville de Lievin, Ashes to Ashes était je crois le slow qui peuplait nos soirées, nous cherchions tous à séduire une nana qui semblait préférer ses propres copines, et nous ignorait copieusement. Le clip qui accompagnait le morceau, que je ne découvrirai que dans l'année qui suivi, préparait la New Wave et voyait apparaitre un gars dont on reparlerai et qui aller marquer l'époque: Steve Strange. Bowie quittait le Glam et les 70's pour inaugurer les années 80.

C'est ensuite China Girl qui vient à ma mémoire; titre de 1977 écrit pour et par Iggy Pop, à Hérouville, revisité en 1982, j'en ai déjà parlé ici. Paru sur  l'album Let's dance, je vais donc m'attarder deux minutes sur le titre éponyme. C'est probablement  l'un des titres et des albums les plus faciles, les plus "commerciaux" comme on dit par chez nous, les moins créatifs de Bowie, mais c'est aussi à l'époque un énorme succès, et la preuve que l'artiste est décidément à l'aise dans chacun des styles qu'il décide d'apprivoiser. C'est aussi celui ma période londonienne…

Mais la période la plus innovante dans son œuvre, précède tout cela: en particulier la période Ziggy Stardust, mais aussi Hunky Dory (Life on Mars) Station to Station (TCV15), la suite et les années 80 me paraissent nettement moins étonnantes et innovantes. 
On trouve dans chaque album au moins un titre marquant, mais je n'arrive tout de même pas à porter Bowie au rang auquel le mettent ses inconditionnels.


Il reste que Bowie était sans conteste un maitre dans l'art de se mettre lui-même en perspective, de conceptualiser sa création au-delà de la seule composition musicale. Est-ce Bowie ou Ziggy Stardust? La mise en abime est gigogne, de David Jones à Aladin Sane… au point de mêler au plus profond le personnage et sa création. La sortie de son dernier album, deux jours avant la mort de l'artiste, semble évidement devoir être rapprochée de la fin décidée de ses multiples personnages…

Pour finir, David Bowie admirait Jacques Brel, et fit d'ailleurs de la traduction d'Amsterdam par Mort Shuman l'un de ses titres favoris; Il chercha dans les années 70 à rencontré Brel à Paris. Ce dernier aurait, dit-on écarté cette demande pour des "raisons" pas tellement à l'honneur gars...  l'ouverture d'esprit ne semblaient pas le fort du bonhomme... Rumeur? Réalité? Who knows...


samedi 2 janvier 2016

Mad World Tears for Fears 1982

MAD WORLD

Tears for Fears, 1982



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Loin d'être un morceau oublié des années 80, Mad World a admirablement résisté au temps, et a même fait l'objet d'une reprise plutôt habile par Gary Jules, laquelle version sera ensuite "coverisée " au point que certains finissent par penser que Jules a composé l'original.

L'ado des années 80 que j'ai été (et il en reste des séquelles) ne peut valider totalement cette reprise, tant elle parait mollassonne et fade à côté de l'originale.

Je sens que je vais me faire des amis.

Ré-écoutons alors la version de Tears for Fears, pour en convenir: Elle porte tout le poids et le paradoxe des années 80, où l'on croyait encore en un monde meilleur et à une nécessité de rébellion, écartant le fatalisme par une expression virulente de nos craintes et nos peurs: la section rythmique est là, bien présente, même si elle sent très, très fort l'électronique alors omniprésente, et martèle comme il se doit la révolte du propos.

La version de Jules est plus paisible, plus posée, frisant la platitude, et fait regretter le tempo marqué de Tears for Fears:

Ecoute bien le riff de batterie, le premier temps très marqué sur le "pont" "And I …"… rien à voir avec la ballade aimable de Gary Jules, qui frise la tentative de suicide: le gars est sous prozac, c'est sûr!

Les reprises, comme celle de Cats on Trees, sont du même bain, cette dernière étant, peut être, un petit peu plus tendue, plus marquée, moins fade? Mais ça manque de nuance, de montée en tension, de punch.


Du nerfs, que diable, c'est vous les jeunes, c'est pas moi!

Le second couplet résonnait pour moi comme une évidence, en 1982: "Went to school and I was very nervous, no one new me, no one new me…". Du vécu, après ces quelques années passées comme un étranger dans la ville du Roi Soleil que j'avais alors fui pour Londres. L'intensité dramatique croissante est parfaitement marquée par la rythmique soutenue.

Ce titre est en fait une référence au cri primal: 

Théorie d'Arthur Janov (bien chère à John Lennon qui fut son patient et à Iggy Pop), et appliquée avec soin sans le savoir par Little Richard). Cette théorie prétend guérir les névroses par l'expression primale des douleurs liées à la naissance. Je schématise, évidement, à outrance! 

"The dreams in which I'm Dying are the best I've ever had". Tout un programme.

Cela exclut donc toute interprétation mièvre et doucereuse....

Enfin, bref, qu'on se le dise, les version de G Jules, de Cats on Trees, sont à écouter, mais seule la version de Tears for Fears garde nos faveurs. 


Il faut que vous la ré-écoutiez. Dites-m'en des nouvelles.

Bonne année 2016.