Prince Buster
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J’avais prévu cette semaine de faire honneur au synthétiseur mythique des années 80, le Yamaha DX7, à l’occasion de la sortie par Korg d’un clône dans une petite boite rigolote… Mais Prince Buster en a décidé autrement.
C’est un gros gros regret pour moi, de n’avoir pas évoqué Prince Buster autrement et davantage que dans une chronique, sur Madness (et non une chronique à part entière).
Les plus curieux d’entre vous vont aller sur Youtube, et je vous y encourage, écouter de quoi je parle. Les amateurs du revival Ska des 80’s retrouveront avec bonheur des airs entendus chez Madness et les Specials… Ceux-là ont en effet permis de redécouvrir cette musique venue de la rue, souvent jouées sur des sonos embarquées sur des camions appelés sound systems, que les smurfeurs, puis les rapeurs, hip-hopeurs emprunteront à leur tour.. Mais c’est pas le sujet.
Prince Buster, véritable initiateur du Ska, on est en 1960. Il l’apporte aux britanniques vers 1963. Bien avant le Reggae, le Ska trouve sa marque de fabrique dans une rythmique caractéristique (le Reggae sera, quelques 10 ans plus tard, un Ska ‘calme’, presque ‘mou’, mais adoptant une structure rythmique similaire. ), dans lequel la guitare (rythmique) joue à contretemps, ce qui nous faisait bien marrer, quand un disque 2 tones tomblait sur la platine de nos soirées lycéennes, où nous étions fort peu à “suivre”… Si on veut être ABSOLUMENT rigoureux, on ajoutera qu’il y a plus mou et plus lent que le Reggae: Le Rocksteady, apparu brièvement entre le Ska et le Reggae, fait effectivement passer le Reggae pour un truc vif!
En réalité, la différence des styles est, en tout cas pour en revenir à Prince Buster, par l’intention: Le Ska de Prince Buster est volontiers déconneur, un brin salace parfois (ce que Madness transcrira parfaitement), le Rocksteady est plus guimauve façon love song, quant au Reggae, il devient revendicatif, politique et souvent peace and love, époque oblige.
Si Prince Buster se laissera un temps aller vers le Rocksteady, il laissera le Reggae à d’autres… au péril de sa notoriété, et il faudra attendre les années 80 pour qu’on le redécouvre, grâce aux groupes du label 2 Tones.
Les Specials, les Selecters, réinterpréteront Prince Buster avec fougue et brio, mais c’est surtout Madness, d’abord par deux magnifiques reprises sur leur premier disque, ( One Step Beyond, of course, et Madness) mais aussi, et dès ce premier 33Tours, des créations originales bourrées de références et citations: In the Middle of the Night est bien dans l’esprit déconneur et coquin de Prince Buster, The Prince est carrément, vous le comprenez maintenant, une évocation du Maitre et.. Madness, le nom du groupe, la référence à l’un des titres de celui-ci!
Prince Buster sera, évidement, convié sur scène par Madness, et les Specials tireront d’Al Capone l’inspiration de leur Gangster, et reprendront aussi Enjoy Yourself.
Mais Prince Buster ne cherchera pas à tirer partie de ce second souffle pour relancer sa carrière, même si il remontera occasionnellement sur scène lors de festivals Ska (là encore, Youtube devrait vous permettre de vous faire une idée.)